La voix(e) du vide

Obsession

 

 

Une structure obsessionnelle peut participer à la construction de l'anorexie, obsession portée sur telle ou telle partie du corps par exemple, jusqu'à la dysmorphophobie. 

 

Certains articles ou opinions réduisent l'anorexie à une dysmorphophobie. Ce point de vue est réducteur, mais les phénomènes de type obsessionnel sont à prendre en compte  dans l'approche des TCA, anorexie et boulimie.

 

La dysmorphophobie est définie par des préoccupations excessives à propos d'un défaut corporel imaginaire ou minime. On la décrit également comme «un trouble du sentiment esthétique de l'image de soi ». On pourrait également risquer le terme d' "hypochondrie de l'apparence" la dysmorphophobie pourrait concerner 2 à 3% de la population. A la différence d'une préoccupation « normale », la dysmorphophobie est irrationnelle et envahissante, obsessionnelle (par exemple : une personne anorexique, maigre, qui se trouve trop grosse).

 

Les craintes dysmorphophobiques sont fortement présentes à l'adolescence. Les changements corporels, la puberté, la sensibilité et l'environnement à cet age se prêtent à son développement. Ces préoccupations peuvent être liées au corps dans son intégralité (taille, poids, silhouette, attitude) ou à une partie isolée du corps (nez, acné sur le visage, dentition, pilosité présente ou absente, taille des organes génitaux pour les garçons, rondeurs au niveau du ventre, des cuisses, taille de la poitrine plus ou moins importante, ...).

 

Pour la plupart transitoires, certaines dysmorphobies se continuent et se développent, s'accompagnant de troubles anxieux (phobie scolaire, phobie sociale) ou de troubles alimentaires (anorexie, boulimie). L'image socio-culturelle du corps parfait, à laquelle l'adolescent est hyper réceptif participe également activement au développement de l'obsession : une confusion s'installe entre réalité et idéal, confusion que l'on rencontre dans l'anorexie à travers une image et une perception faussées du corps.

 

Environ 50% des personnes souffrant de dysmorphophobie ont conscience de l'irrationalité de leurs préoccupations. Les personnes souffrant de TCA font en général partie de l'autre moitié. 

 

«Moi que la nature décevante a frustré de ses attraits, moi qu'elle a envoyé avant le temps dans le monde des vivants,difforme, inachevé, tout au plus à moitié fini, tellement estropié et contrefait que les chiens aboient quand je m'arrête près d'eux ! eh bien, moi, dans cette molle et languissante époque de paix, je n'ai d'autre plaisir , pour passer les heures, que d'épier mon ombre au soleil et de décrire ma propre difformité.» (Monologue de Richard III, Shakespeare) 

 

Dans sa structure obsessionnelle, la dysmorphophobie participe aux TCA comme l'anorexie. Mais une démarche du bon sens, cognitive est la plupart inopérante car l'obsession est nécessaire à l'équilibre du sujet. L'obsession est le plus souvent un choix de «confort», un domaine «choisi» inconsciemment par le sujet plutôt que de subir des angoisses plus importantes. La focalisation sur un domaine particulier anesthésie d'autres problèmes. D'où la difficulté à faire entendre raison à des personnes qui mettraient en jeu leur santé mentale en reconnaissant l'irrationalité de leurs préoccupations. L'anorexie présente donc des composants de structure obsessionnelle, mais remettre l'anorexie en cause en « attaquant » l'obsession n'est guère souvent couronné de succès. 

 

Source: www.troublesalimentaires.org



07/06/2010
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour