La voix(e) du vide

De nombreux sites Internet pro anorexie

Selon une enquête de "Paris-Match", de nombreux sites Internet, une centaine en France, font la promotion de l'anorexie.

"Des sites internet plus ou moins discrets, car dissimulés souvent derrière des mots de passe, ou des blogs, rassemblent des adolescents tentés ou déjà convaincus par l'anorexie, ce qui finit par créer une sorte de communauté de l'amaigrissement extrême et dangereux bien sûr.



On y trouve des conseils (pour cacher aux amis et à la famille les tactiques d'évitement de la nourriture, l'absence de règles, etc.), des témoignages, des photos.

(...) On est un peu entre le processus de secte et celui de la drogue. Marcel Ruffo, pédopsychiatre, explique justement qu'au niveau légal, il est extrêmement difficile de lutter contre ces sites Internet. La solution serait de considérer, de manière officielle, cette communauté comme un mouvement sectaire. Dès lors, des sanctions pourraient voir le jour". (1)

Aux États-Unis, une recherche publiée en 2003 dénombrait déjà environ 500 sites pro anorexie.

Plusieurs de ces sites s'inscrivent dans le mouvement "pro-ana" (pro anorexie) ou "ana-mia" faisant la promotion d'une conception de l'anorexie comme étant un choix de mode de vie plutôt qu'un trouble psychologique et médical. Des célébrités telles que Nicole Richie et Mary-Kate Olsen en sont des emblèmes. Un bracelet rouge est un signe d'appartenance au mouvement.

En mai 2005 des chercheures de Stanford ont présenté les résultats d'une première étude évaluant l'utilisation des sites pro anorexie qui sont cinq fois plus nombreux que les sites pro rétablissement.

Les résultats ne sont pas aussi tranchés que l'on s'y attendait, explique la co-auteure Dr. Rebecka Peebles.

Il est clair que les adolescentes qui ont un trouble alimentaire visitent des sites sur le sujet. 40% des répondantes à l'enquête ont visité des sites pro anorexie et presque autant ont visité des sites pro rétablissement. Près du quart fréquentaient les deux types de sites et près de la moitié des répondantes n'en avaient visité aucun.

Est-ce que celles qui visitaient les sites pro anorexiques avaient plus de problèmes de santé ou plus de difficultés à se rétablir ?

Oui et non. Bien que celles qui visitaient les sites rapportaient consacrer moins de temps à leurs travaux scolaires et passer plus de temps à l'hôpital, il n'y avait pas de différence en termes de plusieurs autres mesures de santé telles que le poids (comparativement au poids santé), la durée du trouble alimentaire, le nombre de menstruations absentes et les signes de développement d'ostéoporose.

"Elles ne semblaient pas nécessairement avoir un plus mauvais profil de santé, ce qui nous a surpris", dit l'auteure.




Il y a beaucoup d'ambivalence dans ces sites, explique-t-elle. Il y a des discussions dans les salles de chat et les forums qui décrivent à quel point le trouble est souffrant et qui mettent en garde de trop vouloir perdre du poids.


Par ailleurs, les chercheures ont aussi constaté qu'environ un quart de celles qui visitaient les sites qui visent à favoriser le rétablissement y apprenaient dans les discussions de nouvelles techniques pour perdre du poids qu'elles mettaient en pratique.


"Il y a une grande dichotomie, explique-t-elle. Les adolescentes visitent les sites pour trouver une solidarité, exprimer leur fierté et faire connaître ce qu'elles considèrent comme un choix de mode de vie. En même temps, elles mettent les autres en garde de ne pas suivre leur exemple. Les adolescentes qui vivent un trouble alimentaire ont besoin d'exprimer ce qu'elles veulent: continuer à perdre du poids."


"Alors que plusieurs croient que ces sites devraient être fermés, ajoute-t-elle, cela pourrait créer beaucoup d'isolement chez les utilisatrices."


"Comme fournisseurs de soins, dit-elle, nous craignons que ces sites soient dommageables et nous avons le sentiment qu'ils doivent l'être. Nous conseillons aux adolescentes de ne pas les fréquenter. Mais nous avons besoin de savoir plus précisément quelles sortes d'effets ils ont. Sont-ils seulement choquants ou sont-ils réellement dommageables? Les recherches doivent se poursuivre." (2)



PsychoMédia avec sources:
(1) www.rtl.fr
(2) news-service.stanford.edu


07/06/2010
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